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PATRICE LUMUMBA - L’ÂME INDOMPTABLE DU CONGO

Dernière mise à jour : 11 mars

Patrice Émery Lumumba est l’une des figures les plus emblématiques de l’histoire de l’Afrique, un nom inextricablement lié à la libération et à l’indépendance des peuples colonisés, un héros tragique, un homme de principes et d’action, mais aussi un martyr de la lutte anticoloniale.


Les Premiers Pas d'un Homme Engagé


Patrice Lumumba est né le 2 juillet 1925 à Onalua, dans la province du Katanga, au cœur du Congo belge. Il grandit dans une famille modeste, ce qui lui permet de ressentir profondément les injustices sociales et raciales imposées aux Congolais par les autorités coloniales. Le jeune Lumumba fait ses études à l’école primaire de la ville de Stanleyville(actuelle Kisangani), où il se distingue par sa vivacité d’esprit et son charisme. Il est élevé dans une atmosphère qui valorise la tradition et l’histoire africaine, des valeurs qui nourrissent ses idéaux de liberté et d’égalité.


En 1943, Lumumba part travailler à Élisabethville (aujourd’hui Lubumbashi) dans le secteur postal, où il se lie d'amitié avec plusieurs jeunes hommes engagés dans des mouvements d'opposition. C’est là qu’il rencontre pour la première fois des leaders politiques et des intellectuels militants qui éveilleront en lui la passion pour la politique et les droits humains. C’est à cette époque que son discours socialiste et anti-colonial prend forme.


L'Éveil Politique et la Fondation du MNC


En 1955, Lumumba fonde, avec d’autres intellectuels congolais, le Mouvement National Congolais (MNC), un mouvement politique radical qui revendique l’indépendance totale du Congo. Leur objectif est clair : mettre fin à la domination coloniale belge et à la discrimination raciale systématique imposée aux Congolais par le pouvoir colonial. En même temps, Lumumba se bat contre la division interne des groupes ethniques du Congo, un pays déjà profondément fragmenté par des siècles de colonisation.


C’est en 1958 que le MNC se fait connaître au niveau national. Lumumba prononce de nombreux discours dans lesquels il dénonce la politique coloniale de la Belgique, dénonçant l’exploitation des ressources naturelles du Congo et les abus infligés à sa population. Il préconise un nationalisme panafricain qui inclut toutes les ethnies et régions du pays, ce qui le distingue de beaucoup d’autres leaders politiques de l’époque, qui privilégient parfois une vision plus régionaliste ou ethnique.


La Route Vers l'Indépendance


Le 30 juin 1960, le Congo accède enfin à l’indépendance après des années de luttes populaires, de révoltes et de négociations avec les autorités coloniales belges. À cette occasion, Patrice Lumumba devient Premier ministre du Congo, un poste qu’il accepte dans un contexte de tensions politiques et d’instabilité.


Lors de la cérémonie de l'indépendance à Léopoldville (actuelle Kinshasa), Lumumba prononce un discours mémorable, où il met en lumière les atrocités et l’exploitation infligées par les autorités coloniales. Il déclare entre autres : « Nous sommes et serons désormais un peuple libre et souverain, affranchi du joug colonial, et que rien ne pourra nous arrêter. » Ce discours, qui constitue une forme de dénonciation en règle de la Belgique et de l’Occident, choque les autorités belges et provoque des frictions internationales.


Cependant, ce discours de Lumumba, aussi puissant soit-il, marque aussi le début de ses tensions avec d’autres leaders politiques du Congo. Le roi Baudouin de Belgique, présent lors de la cérémonie, exprime son mécontentement face aux propos de Lumumba, et ce dernier ne cache pas sa colère contre les dirigeants belges, accusés de n’avoir jamais reconnu l’injustice de leur domination coloniale.


Le Contexte Politique : Crises et Luttes


La montée au pouvoir de Lumumba coïncide avec une période de grande instabilité. Dès le mois de juillet 1960, des tensions se font jour dans le pays. Le Katanga, une région riche en ressources naturelles, déclare son indépendance sous la direction de Moïse Tshombe, soutenu par la Belgique et des intérêts étrangers. Le pays est alors plongé dans une guerre civile qui menace l’unité du Congo. Lumumba se tourne vers l’Union Soviétique pour demander de l’aide, ce qui le met en conflit direct avec les États-Unis et les puissances occidentales qui craignent une influence communiste en Afrique centrale.


Les Dernières Heures de Lumumba


Le 5 septembre 1960, Patrice Lumumba est renversé lors d’un coup d’État orchestré par des militaires, et ce avec la complicité de certains membres de son propre gouvernement. Le président Joseph Kasa-Vubu lui retire la confiance, et il est emprisonné sous les ordres de Mobutu Sese Seko, un militaire en pleine ascension. En novembre 1960, Lumumbaest transféré à Élisabethville, où il est incarcéré avant d’être livré aux autorités du Katanga.


Les autorités du Katanga, sous pression des Belgique et de ses alliés, orchestrent la mise à mort de Lumumba le 17 janvier 1961. Après un simulacre de procès, Lumumba est exécuté avec Maurice Mpolo et Joseph Okito, deux de ses plus proches collaborateurs. Leur corps est mutilé et jeté dans un puits de pétrole, puis dissous dans de l'acide pour effacer toute trace.


L'Héritage de Lumumba : Un Martyr pour l'Indépendance


Malgré sa disparition tragique, l’héritage de Lumumba ne tarde pas à se forger. De nombreuses voix se lèvent pour dénoncer son assassinat, et il devient une figure mythique du combat pour l’indépendance de l’Afrique. Son nom incarne désormais la lutte pour la liberté, la dignité et l'unité des peuples africains. En 1964, un an après sa mort, les Congolaiset d’autres Africains le célèbrent comme un héros national et continental.


Sa vision d’un Congo souverain et uni, libre de l’ingérence étrangère, inspire de nombreux mouvements de libération à travers le continent. Le panafricanisme qu'il prônait devient un idéal qui guidera plusieurs révolutions africaines, et il est souvent cité comme un exemple de résistance à l’impérialisme et à la néocolonisation. De nombreuses écoles, rues et monuments à travers le Congo et l’Afrique portent son nom en hommage à son combat.


Son assassinat, survenu dans des circonstances mystérieuses et cruelles, a été un moment clé dans l’histoire de l’Afrique, qui a renforcé les idéaux de résistance contre l’exploitation étrangère. Lumumba reste un symbole d’une Afrique libérée et démocratique.


La Dent de Lumumba : Un Trophée de Guerre Restitué, Entre Mémoire et Réconciliation


La dent de Patrice Lumumba, dernier vestige physique du leader congolais assassiné en 1961, a été conservée en Belgique pendant des décennies dans des conditions macabres. Après l'exécution de Lumumba, son corps a été mutilé par les autorités coloniales belges, et cette dent en or a été prélevée par Gérard Soete, un policier belge impliqué dans l'assassinat. Celui-ci a gardé la dent comme un souvenir macabre avant de la transmettre à ses supérieurs.


Pendant des années, cette relique a été cachée dans un tiroir, loin des regards du public, et est restée dans le domaine privé, conservée dans les archives d’un policier comme un trophée de guerre. Ce n’est qu’en 1999, après le décès de Soete, que la Belgique a pris conscience de la possession de cet objet symbolique.


La présence de cette dent en Belgique était pour le Congo une blessure ouverte, un rappel constant de l'humiliation infligée par la colonisation. Mais finalement, le 20 juin 2022, la Belgique a fait un geste historique en restituant cette relique à la République Démocratique du Congo. Cette restitution a eu lieu lors d’une cérémonie officielle à Bruxelles, où la famille de Lumumba a reçu la dent des mains du procureur fédéral belge. Cet acte symbolique visait à réparer une injustice historique et à permettre au peuple congolais de rendre hommage à son héros national.


Le 30 juin 2022, la dent a été rapatriée à Kinshasa à bord d'un vol spécial de Congo Airways, baptisé "Patrice Emery Lumumba". À son arrivée, la relique a été placée dans un mausolée spécialement construit pour l’accueillir, offrant ainsi un lieu de recueillement pour les Congolais et les visiteurs.


Cependant, le 18 novembre 2024, le mausolée abritant la dent de Lumumba a été vandalisé, et le cercueil contenant la relique a été endommagé. Heureusement, la dent elle-même n’a pas été affectée et reste en sécurité.


Patrice Lumumba demeure un modèle de courage, un symbole de la lutte pour la justice, et son nom, gravé à jamais dans les annales de l’histoire, reste celui de l’homme qui n’a jamais trahi son pays et qui a, pour toujours, incarné le rêve d’un Congo libre et souverain.

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